Cela fait quelques temps que je pensais à faire des articles un peu plus sérieux que d’habitude, beaucoup plus sérieux que d’habitude, sur des sujets qui me tiennent à cœur mais qui sont assez sensibles
. J’avais quelques réserves, un peu peur d’ennuyer les gens, de donner mon avis aussi car, ce n’est pas mon cas mais rien qu’en parlant de choses toutes simples telles que les vêtements, la cuisine, le maquillage ou encore le cinéma on arrive à avoir des commentaires assez agressifs, mais après ce qu’il s’est passé hier je me suis dit que quelques mots blessants n’étaient rien à côté des balles.
Je me suis aussi rendu comptes de l’engagement des gens et je dois dire que de voir autant de réactions de la part de jeunes personnes montre à quel point nous avons envie de nous engager et de nous exprimer.
Alors voilà, rentrons dans le vif du sujet.
Je n’ai pas toujours été d’accord avec toutes les couvertures ni tous les articles de Charlie Hebdo. Seulement ce que j’aime dans ce journal c’est sa volonté de provoquer, non pas pour choquer, mais pour pousser à une réflexion, ouvrir un débat et inciter les gens à développer leur sens critique, de l’opinion et de l’analyse. Cette volonté de vouloir faire sortir les gens de ce qu’on appelle « l’opinion publique » et c’est vrai que, bien souvent, pour provoquer ce genre de réflexions, la meilleure solution est de rentrer dans le lard.
Je peux comprendre que l’on soit choqué, que l’on se sente attaqué en voyant certaines choses, mais de là à avoir une réaction aussi violente et stupide, car oui c’est stupide, c’est de la bêtise que de répondre à cliché par un cliché, ça j’ai du mal.
Les personnes d’extrême droite n’ont pas été jeter des bouses sur les bureaux quand ce journal satirique à publier une affiche électorale représentant Marine le Pen en « merde ». Alors que certains partisans du FN, pas tous loin de là et heureusement, ne sont pas connus pour être de grands pacifistes.
La liberté d’expression, et à fortiori la liberté de la presse, n’a toujours tenu qu’à un fil. Nous en avons eu l’exemple il y a quelques années sous la présidence de Charles de Gaulle, aujourd’hui avec tout ce qui est mis en œuvre pour faire interdire certains humoristes, et nous en avons tous pâti au moins une fois à notre échelle, en faisant une blague sur l’Eglise et les enfants, une autre un peu misogyne, un autre un peu raciste, ce genre de petites blagues, pas toujours très intelligentes mais qui nous font rire sur le moments, sans pour autant signifier que nous y croyons.
Alors oui certaines caricatures, je ne parle pas seulement de celle de l’Islam, sont d’un humour assez spécial, mais c’est le but même d’une caricature et, ce qui me choque le plus, c’est que ce ne sont pas les musulmans qui sont visés, ni l’Islam mais l’extrémisme, les terroristes, ces dessins qui ont provoqué tant de haine, n’avaient pas pour but de blesser les musulmans mais bien de montrer et de dénoncer ce qu’il se passait dans la tête de beaucoup de français depuis le 11 septembre, à savoir cet amalgame entre musulmans et terroristes, et cette peur de l’autre qui n’a fait que croître.
Car oui, ces gens qui revendiquent ces attentats se disent musulmans. Mais est-ce une raison pour mettre tout le monde dans le même sac ? Est-ce parce que un allemand à décider d’éradiquer toutes les communautés qui ne lui plaisaient pas à fait que nous avons peur de tout les allemands ? Est ce parce que certains chef d’Etat communistes ont mis en place des dictatures dans leur pays a fait que nous avons peur de tout les communistes ? Non, et je pense qu’il est vraiment très important de ne pas faire d’amalgame, de ne pas céder à la panique générale.
Hier, toute la journée j’avais en tête cette chanson d’Abd al Malik qui parle du 11 septembre et qui dit « on ne mélange pas la politique avec la foi ».
Car j’ai un peu peur que cette tragédie, au lieux de servir à revendiquer la liberté de la presse et à la défendre, serve à attiser cette peur de l’autre.
Il faut être prudent avec certaines images que nous renvoient les médias dans le sens où, même si beaucoup d’évènements du genre de ceux d’hier, sont revendiqués par des personnes qui se disent musulmans, et qui disent avoir la foi et aimé l’Islam, ce n’est pas du tout représentatif, on montre ces personnes car ce sont celles qui font le plus de bruit mais tout les autres, tout ces gens respectueux, ces gens qui vivent avec ces clichés et cette association qui est faite entre Islam et attentat, eux ne font pas de bruit.
Et au lieux de se construire un petit monde dans lequel tout est blanc ou noir, à l’aide des médias, regardons un peu ce qu’il se passe tous les jours, dans notre quartier, des hommes en djellaba qui vont à la mosquée et qui ne vous regardent pas de travers parce que votre jupe est trop courtes à leur avis, des femmes portant le voile amener leurs enfants à l’école et discuter avec d’autres mères sans a priori, des restaurateurs qui vous offrent le thé à la fin du repas ou un café en patientant le temps que votre commande se prépare, apprenez à voir tout cela à nuancer votre jugement.
Pour ce qui est des caricatures de Charlie Hebdo, oui certaines dénonçaient les politiques de certains états, mais comme d’autres ont dénoncé le nazisme. Il faut également apprendre à faire la différence entre dénoncer une dictature et se moquer d’une religion.
Je terminerai en parlant de certains posts que j’ai pu voir.
Pourquoi « Je suis Charlie » ? Pourquoi « nous sommes Charlie » ? Pourquoi dire ces mots sans avoir lu ce journal ? Sans « connaître le nom des artistes » ?
Tout simplement parce que comme je l’ai dit plus haut, nous sommes tous soumis à la critique dès que nous nous exprimons, nous risquons tous de dire des choses qui ne plairont pas à tout le monde. Tant que la contestation reste verbale ou écrite il n’y a pas de mal, car, et c’est là aussi tout le compliqué de l’affaire, si les gens ont envie de vous traiter de xénophobe c’est leur droit, c’est leur liberté d’expression, mais quand cela devient violent et meurtrier, là c’est une autre histoire et cela signifie que, Charlie Hebdo ou simple citoyen, on risque de s’en prendre une si on dit quelques chose d’un peu trop ambigu.
« On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » disait Desproges, c’est bien dommage